1000km sans sourciller, et quelques années en plus. 28 juillet 7h du matin. Me voilà Gare du Nord, dans la queue du départ matinal de l’Eurostar. Je bénis ma cousine Céline pour ses conseils avisés (« il faut venir au moins 1h à l’avance »). Je me retrouve dans la salle d’embarquement, tout aussi froide et impersonnelle qu’un aéroport,avec mon vieux sac à dos bleu délavé. Ce fidèle compagnon d’aventure était tout neuf lorsque je me suis envolée avec lui pour la Nouvelle Zélande en 2004. Un coup de blues passe. Les souvenirs continuent d’affluer comme un vol d’oiseaux. Je revois mon départ pour l’Inde en 2014, le Ladakh que j’ai tant aimé, l’ashram face aux Himalayas, l’intensité et le goût de l’aventure…et le miracle qui m’attendait au retour. En comparaison, le présent et l’avenir semblent bien ternes et gris. Était-ce vraiment une bonne idée de repartir en voyage ? Vais-je restée hantée par la mémoire si colorée de ces souvenirs idéalisés ? A nouveau l’impression d’une étrange boucle temporelle s’impose à moi. Je chasse ces pensées nostalgiques pour accueillir la perspective d’une nouvelle rencontre, d’une nouvelle Lara en Ecosse. Je suis en 2022 et tout a changé. L’Eurostar démarre. J’ai devant moi 1000 kilomètres de train pour arriver ce soir à Perth. Cela me laisse un peu de temps pour étrenner mon carnet et faire quelques messages aux copines. Les heures s’égrènent, avec une étrange facilité. Je traverse l’Angleterre en pleine grève nationale, comme une fleur ! Changements rapides et fluides à Londres, puis à Edinburgh. Le train est bondé, heureusement que j’ai pu réserver. Je somnole. La campagne anglaise est « brûlée » elle aussi par le soleil, c’est impressionnant : les champs et bords de routes sont jaunes paille. Je vois passer quelques bouleaux desséchés, mais les arbres semblent en meilleur forme qu’en France. Sur le dernier tronçon en arrivant à Perth, nous longeons le bord de mer. Dans une des criques, j’aperçois les museaux joueurs, les yeux ronds et les moustaches d’une famille de phoques qui regarde passer le train. Gare de Perth. Il est 17h, il ne pleut pas , il « bruine ». La contrôleuse du train a tout d’une cheffe de Clan avec sa carrure de bûcheron. Elle me lance un chaleureux « bon voyage ma chère » en Français dans le texte (autant pour mon accent…). Je descends sur le quai désert, surplombé d’un hall de briques et de fer forgé qui semble sorti tout droit de l’univers d’Harry Potter. Je suis arrivée. The « fair city » of Perth J’avoue, j’ai triché. J’ai lancé une incantation G…..Maps pour contrer tous les sortilèges de confusion et de désorientations. Ce qui est triste, c’est que c’est une incantation paradoxale, qui tue la magie du voyage… Mais c’est tellement efficace : 15 min plus tard je suis dans le jardin de ma chambre d’hôtes, « so British ». Le propriétaire de ces lieux se révèle aussi poli et flegmatique qu’un personnage d’Agatha Christie. Tapis et moquettes dans l’escalier en bois, sonnette pour appeler, tasses de porcelaine, tableaux kitsch, bibelots et coussins brodés de chiens et chats. Je mets de côté tous jugement pour observer cela de l’œil neuf et naïf de la Voyageuse. Après tout, le dépaysement culturel et les mœurs locales peuvent être tout aussi savoureux ici qu’en Inde. ( NB : pour en lire plus au sujet de ces lunettes magiques , cf « États de Voyage Modifiés ») . J’apprécie ma chambre d’hôtes, mais je n’ai pas le coup de coeur pour la ville. Perth, surnommée « the fair city », est auréolée d’une certaine légende historique. Je découvre très vite qu’il s’agit en réalité d’une très petite agglomération de province, qui a du avoir du cachet à une certaine époque, mais qui semble économiquement sinistrée et qui a mal vieillie. Je manque encore de recul, je n’ai pas pu comparer avec d’autres villes du Royaume Uni, mais tout me semble vieillot et un peu désert. Les restaurants sont affreusement chers, les magasins peu attractifs. Je découvre le concept des « magasins de charité » qui ont envahi les quelques rares rues commerçantes du centre. Bon, ce n’est pas grave, je ne suis pas là pour faire du shopping. Je regrette plutôt de ne pas pouvoir découvrir la campagne du « Perthshire ». La région est connue depuis des siècles pour l’abondance de ses forêt et ses arbres remarquables (le nom de Perth vient du terme picte pour forêts). A suivre..
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Août 2022
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