Le lendemain soir, dès 18h, nous reprenons un Rickshaw vers le quartier musulman de Delhi. En chemin, Constanza nous fait part de son secret… Ce n’est pas sa première visite à la mosquée-tombeau du grand Saint. Elle en connait bien les coutumes. Elle nous raconte comment, la première fois qu’elle est venue ici, en sortant du labyrinthe de ruelles qui entoure le lieu saint, elle est tombée nez à nez avec un homme « beau comme Brad Pitt avec des cheveux blancs». Elle nous explique un peu gênée qu’elle est restée comme hypnotisée, incapable de lui parler, super émue, et que ce n’était pas à cause de son physique, et qu’elle ne comprends pas ce qui s’est passé, mais qu’elle voudrait vraiment le revoir. Elle a déjà essayé plusieurs fois, mais elle n’est jamais arrivée à retrouver son échoppe de confiseries dans le labyrinthe. Ah là là…les rencontres karmiques J Et oui, on est en Inde. Ici, la réincarnation ça existe, et c’est juste normal de se recroiser dans la rue d’une vie à l’autre. Mais Nizzamuddin, ce n’est pas un quartier où il fait bon se promener seule quand on est étrangère, même pour une Constanza. Elle est contente de nous avoir trouvées pour y aller. Ievgenia est partante aussi pour l’aventure, avec un bon sens concret et solide imperturbable. Et moi, je ne me dis plus rien du tout, je me sens juste embarquée par un flot qui me dépasse…paradoxalement, je me sens complètement en sécurité, comme si mon pauvre foulard drapé sur la tête et les épaules était une bulle de protection! Nous voilà à l’entrée du labyrinthe. On change de monde, on rentre en Orient : Les ruelles hyper étroites s’entrecroisent, avec des échoppes improbables : chaussures, beignets au miel, pain-galette chapati cuit dans la rue, billets pour la Mecque ( !), vendeur de CD et de livres saints, parfumeurs ( !! Ce sont des hommes qui vendent les parfums, et les boutiques ressemblent à des bijouteries de cristal..). On est fascinées comme au spectacle. L’avantage ici, c’est que le tabou religieux du contact physique avec les femmes est très fort. Les hommes font des détours pour ne pas risquer de nous toucher au passage. C’est rassurant : dans ces rues-là, on ne craint rien. C’est une drôle d’expérience de voir les gens s’écarter sans même nous regarder. On avance un peu au hasard, en suivant le mouvement général, et on finit par arriver dans l’antichambre du saint des saints. C’est le fief des marchands du temple : offrandes de sucre, plateaux de roses, guirlandes de fleurs en plastique…J’ai l’impression que le plafond des ruelles s’est refermé sur nos têtes. Il règne une drôle de lumière, comme dans un souk, avec du doré partout, un brouhaha de foule. Ca embaume l’essence de rose. J’avance en apesanteur, sans lâcher Constanza d’une semelle. Pas un instant je n’ai peur, mais mon cerveau est comme débranché. J’ai presque envie de me pincer moi-même pour vérifier que ce n’est pas un rêve : « qu’est-ce que je fais là ? c’est complètement surréaliste ». Nous approchons du centre du labyrinthe. La foule se fait recueillie, avec un rythme plus lent, posé. Il est interdit de rentrer avec ses chaussures, comme pour une mosquée. Nous laissons donc nos trois paires de sandales aux préposés « à la surveillance »…sorte de consigne informelle où les paires de chaussures en tout genre sont artistiquement empilées. (J’espère qu’on les retrouvera bien à la sortie ?).
Nous voila enfin au cœur de Nizzamuddin Dargah. A suivre..
5 Commentaires
Julien
9/22/2014 01:49:00 pm
incroyable ...
Répondre
serge
9/23/2014 12:55:45 am
Suspens terrible!! Merci pour ce partage!
Répondre
Dominique
9/23/2014 01:00:19 am
bulle étrange et étrangère au bord d'un lever de jour occidental. ici, la brume enveloppe les arbres et les toits du village. Pas d'éclats, pas de couleurs scintillantes, pas de cristal, au contraire tout est en nuance à peine pastel. Cela donne des envies de sortir... vivement demain.
Répondre
Stephane
9/23/2014 05:18:33 am
Vivement la suite !
Répondre
florence Boisseau
9/23/2014 09:11:54 am
Et alors...tu les as retrouvé tes chaussures ?
Répondre
Laisser une réponse. |
Un Oiseau Bleu en HimalayindeJe suis partie en Inde en 2014, en plein cœur d’une tempête personnelle. Voici quelques morceaux de récit écrits en direct depuis le Ladakh et New Delhi. Ce fabuleux voyage a été un cadeau de la vie inoubliable. Mais je n’ai jamais mis à jour ces pages. Peut-être le ferais-je cet automne ? Archives
Mai 2022
Categories |